Monuments Men, ou l’art de diviser les foules.

Synopsis (source Allociné):
En pleine Seconde Guerre mondiale, sept hommes qui sont tout sauf des soldats – des directeurs et des conservateurs de musées, des artistes, des architectes, et des historiens d’art – se jettent au cœur du conflit pour aller sauver des œuvres d’art volées par les nazis et les restituer à leurs propriétaires légitimes. Mais ces trésors sont cachés en plein territoire ennemi, et leurs chances de réussir sont infimes. Pour tenter d’empêcher la destruction de mille ans d’art et de culture, ces Monuments Men vont se lancer dans une incroyable course contre la montre, en risquant leur vie pour protéger et défendre les plus précieux trésors artistiques de l’humanité…

Avant de vous exposer mon humble avis sur ce film, je tiens à préciser certaines choses. Je ne suis pas critique de cinéma, je n’y connais à vrai dire pas grand chose, et je ne suis pas non plus historienne (pas encore). Je vais donc simplement parler et partager mon ressenti, en tant que simple mortelle qui aime (beaucoup) l’art. 

Monuments Men est sorti il y a une semaine. Les critiques n’ont pas mis longtemps à pointer leur nez, les bonnes comme les mauvaises, créant un peu la confusion et piquant au passage un peu plus ma curiosité. (Il suffit de jeter un coup d’oeil aux commentaires sur la page Allociné, certains avis sont radicalement opposés…) Il faut dire que le synopsis est assez génial, le sujet de la spoliation des œuvres durant la Seconde Guerre Mondiale étant souvent oublié, j’avais hâte de le voir. Le film, réalisé par Clooney, est inspiré du roman éponyme de Robert M. Edsel et Bret Witter, lui-même inspiré d’une histoire vraie. J’ai décidé de ne lire aucun avis, critiques ou commentaires avant le visionnage, afin de me  faire ma propre idée. On n’est jamais mieux servis que par soi-même.

Monuments Men était-il à la hauteur de mes attentes ? J’ai réfléchis à cette question toute la journée, et encore maintenant je n’arrive pas à avoir un avis arrêté sur ce film. Ce n’est peut-être pas plus mal, il ne faut jamais être trop manichéens.

J’ai passé un très bon moment devant ce film. Le sujet est traité dans son ensemble, et met en lumière un pan de l’Histoire souvent inconnu. Inspiré d’une histoire vraie, certes, mais je pense que le but du film n’est pas non plus la fresque historique ou le documentaire, comme il lui a souvent été reproché. Rappelons que c’est Hollywood! L’Histoire ici n’est qu’un prétexte à raconter une histoire (sans majuscule). En cela, il serait comparable à un Indiana Jones, avec le côté épique en moins (même si ça n’aurait pas fait de mal, un peu de panache et d’action…) Du coup, les incohérences historiques, même si elles auraient pu être évitées, sont plus ou moins pardonnées. Clooney a délibérément choisis d’adopter le ton léger de l’humour, faisant du film un bon divertissement qui peut plaire à tout le monde. Pour autant, j’avoue que le film m’a aussi évoqué, parfois, La Septième Compagnie, ne serait-ce que par la musique allègre et l’ambiance bon enfant qui accompagnent certaines scènes…. Alors, l’humour c’est bien, mais pas trop non plus, hein, Georges.

En écrivant, je me rend compte que le film est en fait très inégal, à tous les niveaux ce qui explique la difficulté à le juger. Certains passages sont aussi très poignants, comme la scène d’autodafé par exemple. J’ai eu envie de chialer quelques fois (bon après je suis peut-être trop sensible, ne me jugez pas). Si on lit entre les lignes, derrière la légèreté apparente, on constate tout simplement la réalité, l’horrible réalité de la guerre, des régimes totalitaires, de la censure…. Il montre que l’art, la littérature, sont extrêmement importants car ils sont des témoignages, des mémoires de  l’humanité et de son évolution à travers les siècles, et que sans cela, comment pourrions-nous savoir qui nous sommes? Il montre aussi que l’Homme n’est pas qu’un salopard capable de commettre des immondices, il peut aussi faire le Beau, et qu’en temps de crises ou de guerres, l’art peut redonner l’espoir. Ces oeuvres sont donc des trésors inestimables, qu’il faut à tout prix conserver. (Oui, je suis philosophe à mes heures perdues…)

Deux oeuvres sont mises en avant: Le Retable de l’Agneau Mystique, des frères Van Eyck, et La Madone de Bruges de Michel-Ange.

Le reproche que j’ai surtout à faire, c’est que le film s’avère assez plat, ou plutôt creux, sur l’art en question. Ce que je veux dire, c’est que j’ai parfois eu la désagréable impression qu’on survolait le sujet. On n’apprend pas grand chose sur les œuvres en elles-mêmes, si ce n’est qu’elles ont été volées et cachées. Pourquoi l’Agneau Mystique est plus important qu’un autre? Qu’est-ce qui intéresse les nazis dans cette Madone de Bruges? Il y avait pourtant matière à aller un peu plus loin! Je trouve ça vraiment dommage. Peut-être parce que je suis étudiante en histoire de l’art, et que je suis plus exigeante? Je ne sais pas, mais moi, j’aurais creusé un peu plus. Cependant, le film n’est pas non plus condamnable.

Monuments Men est un film qui attise la curiosité, qui donne envie d’en savoir plus sur le sujet. Il nous fait connaître et rend hommage à ces soldats ayant réellement existé, et qui se sont battus pour sauver des œuvres d’art de la folie destructrice de Hitler, parfois au péril de leur vie (mais en réalité, ils étaient près de 350!). Pour moi, ce film est loin d’être un « navet », malgré ses défauts de profondeur et de rythme trop lent… Bref, je ne peux que vous conseiller de le voir, afin de vous forger votre propre avis dessus, qui sera peut-être très différent du mien, mais qu’importe? N’hésitez pas à les partager, en commentaires ou sur la page Facebook, ça m’intéresse beaucoup!

POUR EN SAVOIR PLUS:
– Lisez le roman!
– La véritable histoire des Monuments Men
Rose Valland, l’une des véritables « Monuments Men »
Un vrai monument man se souvient de l’épopée filmée par George Clooney

Titulaire d’un master en histoire de l’art contemporain à l'Université d'Aix-Marseille, je me spécialise dans la période XIXe - XXe siècle et dans les arts en Méditerranée.

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