Les « Tableaux d’une exposition » de M. Moussorgski

Après une excursion en Espagne au Siècle d’Or, je vous emmène en Russie au XIXe siècle ! Aujourd’hui, je vous parle des Tableaux d’une exposition de Modeste Moussorgski. Ces tableaux ont de particulier le fait d’être des œuvres… musicales !

Portrait de Modeste Moussorgski par Ilia Repine, peint seulement quelques jours avant la mort du compositeur en 1881

Moussorgski, compositeur russe né en 1839, connu notamment pour son poème symphonique Une nuit sur le mont Chauve (1867) compose en 1874 les Tableaux d’une exposition. Un an plus tôt, son ami Viktor Hartmann, architecte, décède brutalement à l’âge de 39, laissant Moussorgski très touché. En hommage, il organise donc une rétrospective à l’Académie des Beaux-Arts de St-Petersbourg, où près de 400 dessins de Hartmann sont exposés. C’est à cette occasion que lui vient l’idée de créer une oeuvre musicale, à partir de ces dessins. Faisant références à des œuvres graphiques, les pièces musicales sont ainsi appelées « tableaux ». Aujourd’hui, la plupart des dessins qui ont inspiré Moussorgski ont disparus.

Série de 10 pièces pour piano, l’oeuvre de Moussorgski nous invite à le suivre dans sa promenade à travers les œuvres de Hartmann, visite donc imaginaire d’une exposition d’art, où le fantastique, le réel, la nostalgie et les contes s’entrecroisent. Plus qu’une fresque musicale, c’est un voyage à travers les états d’âmes de l’auteur.

Couverture de la première édition des Tableaux d’une exposition par Modeste Moussorgski, en 1886

Ainsi, au fil de cette promenade, on croise un gnome grognon, un château en Italie, des enfants jouant aux Tuileries, puis retour à l’Est où  du bétail tire des charrettes… On continue, d’humeur un peu moins légère cependant, avant de croiser un ballet de petits poussins joyeux. On rencontre Samuel Goldenberg et Schmuyle, deux juifs, avant d’aller à Limoges faire le marché, où règne une bruyante agitation. On écoute les ragots qui se racontent, décidément les commères, il y en a de partout. Puis on va visiter des catacombes, l’esprit triste et hanté, avant de se retrouver face à face avec la sorcière Baba-Yaga et sa cabane sur des pattes de poule… La promenade se termine à Kiev, devant la Grande Porte, monumentale.

Esquisse pour le ballet Trilby (Le Ballet des poussins)
Les catacombes de Paris
La maison de Baba Yaga (La cabane sur des pattes de poule)
Plan pour la grande porte de Kiev (Porte de Kiev)

Peinture sonore, Moussorgski parvient à faire image avec le son… Rythme, tonalités, notes, tout cela vaut bien un bon coup de pinceau et une palette chromatique fournie. La musique devient pittoresque, et peut faire image au même titre qu’une véritable oeuvre picturale. Il dresse tantôt un portrait sonore, tantôt un paysage, une histoire ou une architecture… 

Les Tableaux d’une exposition sont donc une oeuvre atypique, qui mérite bien d’être écoutée !
– Lien vers Deezer.  

Titulaire d’un master en histoire de l’art contemporain à l'Université d'Aix-Marseille, je me spécialise dans la période XIXe - XXe siècle et dans les arts en Méditerranée.

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