Fontaine-de-Vaucluse, c’est une petite commune française de la région PACA, non loin d’Avignon. Autrefois, le village s’appelait juste Vaucluse, de Vallis Clausa en latin : la vallée close, et il donna ce nom à tout le département. Le village est bâti sur une résurgence exceptionnelle, qui fait toute sa popularité : immense gouffre au pied d’une falaise de 240m, « la Fontaine » est un lieu exceptionnel à bien des égards.
C’est là que la Sorgue prend sa source, la plus grosse de France et parmi les plus importantes au monde. Tellement importante qu’elle a donné son nom à ce type de source, on les nomme « vauclusiennes ». Le gouffre est un siphon qui descend loin, très loin dans les entrailles de la Terre. Il a été exploré pour la première fois en 1878, par un scaphandrier marseillais, Mr Ottonello, qui atteint – 23m de profondeur dans son scaphandre lourd. L’équipe du commandant Cousteau aussi se mesurera au gouffre en 1946 : première plongée en scaphandre autonome, il atteint – 46m de profondeur. L’exploration la plus profonde à ce jour est celle de 1985 : – 308m de profondeur grâce à un sous-marin téléguidé. Ainsi, on ignore ce qu’il y a au delà de cette profondeur, peut-être que la cavité descend encore plus loin…
Ce lieu spectaculaire et son aura de mystères ont attiré de nombreux voyageurs, de l’Antiquité à aujourd’hui. Il est presque un lieu de pèlerinage : les romains vouaient un culte aux divinités de la Source et ce caractère sacré est certainement resté imprégné dans l’air, comme un héritage séculaire qui marque quiconque gravi le sentier qui mène au gouffre. Parmi ces voyageurs passés par Vaucluse, un se distingue tout particulièrement : il s’agit de Pétrarque. Marqué par le village, l’éternel amoureux de Laure le marquera à son tour : « La très illustre source de la Sorgue, fameuse par elle-même depuis longtemps est devenue plus célèbre encore par mon long séjour et mes chants. » Le poète humaniste italien vient régulièrement à Vaucluse à partir de 1339 et tombe amoureux de ce lieu enchanté où il peut composer en paix ses poèmes. « Ici, j’ai fait ma Rome, ma Athènes, ma patrie. » Berceau de sa poésie, la Fontaine de Vaucluse habite l’oeuvre de Pétrarque, et ne l’oubliera pas quand il quitta Vaucluse pour l’Italie : sa maison, brûlée par des pilleurs, est reconstruite et transformée en musée, petit lieu charmant sur le bord de la Sorgue.
Sur les pas de Pétrarque, c’est ensuite le romantique Chateaubriand qui va découvrir Fontaine-de-Vaucluse, visite qu’il contera dans ses Mémoires d’outre-tombe, publiées en 1849:
« J’allai à Vaucluse cueillir, au bord de la fontaine, des bruyères parfumées et la première olive que portait un jeune olivier : Cette claire fontaine, dans ce même bocage, sort d’un rocher ; elle répand, fraîches et douces, ses ondes qui suavement murmurent. A ce beau lit de repos, ni les pasteurs, ni les troupeaux ne s’empressent ; mais la nymphe et la muse y vont chantant. Pétrarque a raconté comment il rencontra cette vallée : « Je m’enquérais, dit-il, d’un lieu caché où je pusse me retirer comme dans un port, quand je trouvai une petite vallée fermée, Vaucluse, bien solitaire, d’où naît la source de la Sorgue, reine de toutes les sources : je m’y établis. C’est là que j’ai composé mes poésies en langue vulgaire : vers où j’ai peint les chagrins de ma jeunesse. » »
En 1859, Frédéric Mistral publie Mireille, son oeuvre capitale : un long poème en provençal. Outre les amours de Mireille, on y trouve cette fameuse légende :
« Parti pour faire danser les filles de l’Isle sur Sorgue, le vieux ménétrier Basile s’endormit à l’ombre un chaud jour, sur le chemin de Vaucluse. Apparut une nymphe qui, belle comme l’onde claire, prit la main du dormeur et le conduisit au bord de la Vasque où s’épanouit la Sorgue. Devant eux, l’eau s’entrouvrit et les laissa descendre entre deux murailles de liquide cristal au fond du gouffre. Après une longue course souterraine, la nymphe, au milieu d’une souriante prairie, semée de fleurs surnaturelles arrêta le ménétrier devant 7 gros diamants. Soulevant l’un deux, elle fit jaillir un puissant jet d’eau. Voilà dit-elle, le secret de la source dont je suis la gardienne, pour la gonfler je retire les diamants, au septième, l’eau atteint « le figuier qui ne boit qu’une fois l’an » et elle disparût en réveillant Basile. »
Aujourd’hui, on cherche toujours la nymphe de la Sorgue parmi ses eaux claires… On peut d’ailleurs noter qu’on trouvait déjà chez Chateaubriand cette allusion fantastique à la nymphe, preuve que le lieu possède une aura magique et fabuleuse.
Et enfin, qui d’autre que Thomas Cole pour s’intéresser à Fontaine-de-Vaucluse ? Fondateur du mouvement de la Hudson River School, un mouvement américain du XIXe siècle qui s’intéresse principalement aux paysages grandioses et romantiques, Thomas Cole a pour habitude de peindre une Nature toute puissante, sublime. De passage en France, sa vision de la Fontaine est ainsi parlante :
A la fois réaliste et exagérée, la Fontaine-de-Vaucluse de Cole semble déchaînée, comme régie par quelques puissances divines. La topographie du lieu est bien restituée : on retrouve la maison de Pétrarque au pied de la colline, le château en ruines (encore visible aujourd’hui !) et cette immense falaise qui domine tout le site, donnant un caractère monumental et indomptable à cette nature vauclusienne.
Pour conclure, j’ai moi-même visité le village cet été. Je suis également tombée sous le charme de ce lieu incroyable, même si je n’ai pas eu la chance de voir la fontaine « pleine » : en plein été, et surtout en cet été de canicule, le débit est faible. On m’a conseillé de venir au début du printemps pour assister au débordement, beaucoup plus spectaculaire ! Je partage quelques photos prises lors de ma visite.
Pour en savoir plus : http://www.ssfv.fr/fontaine-de-vaucluse/
Visite virtuelle du gouffre : http://www.ssfv.fr/panorama/
Merci beaucoup pour cet article. Je vais le partager sur ma page du village : https://www.facebook.com/fontainedevaucluse.vauclusolafont
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