Un huguenot le jour de la Saint-Barthélémy

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Le 24 aout 1572, à Paris, se déroule un évènement tragique des guerres de religions qui déchiraient alors le Royaume de France : le massacre de la Saint-Barthélémy. Les protestants en furent la cible, et malgré un contexte général très complexe et une multitude de facteurs, on attribue généralement au  roi Charles IX et sa mère Catherine de Médicis la responsabilité du massacre.

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Edouard Debat-Ponsan, Un matin devant le Louvre (1880)

Huguenot_lovers_on_St._Bartholomew's_DayPrès de trois siècles plus tard, en 1852, le peintre anglais John Everett Millais peint Un huguenot le jour de la Saint-Barthélémy. Tout droit inscrit dans la lignée  du célèbre Ophelia, par son format, son style et sa palette chromatique chatoyante.

 Un jeune couple est représenté au centre de l’oeuvre, dans une tendre étreinte. On peut constater la beauté des textiles peints par Millais, on pourrait presque sentir le velours sur la peau. Un grand soin est également apporté à la végétation, qui encadre la scène. La dimension dramatique intervient si on replace l’oeuvre dans son contexte : l’homme est un huguenot, c’est à dire un protestant français en conflit avec les catholiques lors des guerres de religions évoquées plus haut. Il refuse délicatement le brassard blanc que tente de lui nouer sa fiancée, qui symboliserait publiquement sa conversion à la religion catholique. Ainsi, en voulant rester fidèle à sa foi, le jeune homme se condamne à une mort certaine, comme des milliers de protestants lors du massacre, à Paris puis en province.

Le choix de ce sujet, inspiré de l’opéra Les Huguenots de Giacomo Meyerbeer, correspond bien aux idéaux préraphaélites: des inspirations littéraires et historiques, un certain gout pour le médiévisme, une nature très présente, selon les conseils de John Ruskin d’ «aller vers la nature… sans rien rejeter, rien choisir ou rien mépriser». Une façon intéressante de représenter le massacre, avec subtilité.

Titulaire d’un master en histoire de l’art contemporain à l'Université d'Aix-Marseille, je me spécialise dans la période XIXe - XXe siècle et dans les arts en Méditerranée.

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